La première résidence d’écriture organisée par l’Espace Lakalita se tiendra du 1er au 31 mars 2022 à Ouagadougou, au Burkina Faso. Lancé en juin 2021, l’appel à candidatures avait connu un engouement énorme. Après avoir reçu des dizaines de projets de roman, le jury composé de Denise Epoté, Monique Ilboudo, Fatoumata Kane, Lazare Ki-Zerbo, Ndongo Mbaye et Nathasha Pemba a finalement choisi le projet d’écriture intitulé Tant d’adieux de l’écrivaine camerounaise Irène Fernande Ekouta.
Depuis le 1er novembre dernier, Irène Fernande Ekouta est donc devenue la première lauréate de la résidence littéraire Lakalita. Journaliste de formation, Irène Ekouta publie son premier texte en 2017, chez Edilivre. Il s’agit d’une nouvelle intitulée D’amour et de glace, qui parle d’une relation assez tumultueuse entre une mère et sa fille. Elle publie ensuite son premier roman, Confessions anonymes, en 2020, en autoédition. Un récit autobiographique dans lequel elle entraine le lecteur dans les méandres d’une relation amoureuse « toxique » et met en avant une femme qui se débat pour sortir de l’emprise d’un « pervers narcissique ».
Pour cette résidence, la lauréate bénéficie d’une bourse d’écriture de 500 000 FCFA et son manuscrit sera publié aux Éditions Lakalita. L’Espace Lakalita s’occupe également de son transport, et elle est prise en charge durant tout son séjour d’un mois, à Ouagadougou. « Au vu de la qualité des projets d’écriture de Carmen Toudonou et de Safiatou Ba » — respectivement intitulés Le douloureux orgasme pour la première et Je n’étais qu’un enfant pour la seconde —, l’Espace Lakalita a décidé de les retenir pour accompagner Ekouta, de manière exceptionnelle. De ce fait, elles auront droit à une prise en charge de leur séjour, de leurs frais de transport, et leurs manuscrits seront publiés aux Éditions Lakalita.
Carmen Toudonou est également journaliste de formation et par ailleurs éditrice. Auteure de plusieurs livres, l’écrivaine béninoise publie son premier roman, Presque une vie, en 2014. Elle y expose l’histoire d’une jeune fille qui brave l’autorité parentale et les exigences religieuses pour vivre sa liberté. En 2015, elle publie aux Éditions Flamboyant, un recueil de poèmes sous le titre Noire Vénus. Son recueil de nouvelles, Carmen Fifonsi Aboki (CFA), paraît en 2018 dans la maison d’édition dont elle est la promotrice, Vénus d’Ébène. Toujours aux Éditions Vénus d’Ébène, elle publie en 2020, un roman au titre assez évocateur : Tant de gens espèrent être aimés et beaucoup ne sont que mariés. Carmen Toudonou a également des essais et des livres de jeunesse.
Safiatou Ba, quant à elle, est diplômée de l’École Normale Supérieure de Bamako. Depuis 2014, l’écrivaine malienne a publié plusieurs livres. Son recueil de nouvelles L’Envers du décor a paru aux Éditions Jamana, en 2014. Elle est l’auteure des romans : Les Fantômes du Passé (Éditions Presses Panafricaines, 2017) ; Émotions violentes (Éditions Jamana, 2018) ; Ah ! Nos maris, ces grands inconnus (Éditions Afrikana, 2019) ; Ah ! Nos épouses, ces mantes religieuses (Éditions Afrikana, 2021). Sans oublier qu’en 2020, elle a publié un recueil de poèmes intitulé Voix intérieure (Éditions Figuira) et a également contribué à l’écriture des livres collectifs.
Le lien entre ces trois auteures, au regard de l’essentiel de leurs publications, c’est qu’elles mettent toutes en exergue la liberté de la femme. Elles arrivent à créer des imaginaires où la femme africaine est célébrée dans toute sa splendeur, et où elle brave les préjugés qui entravent sa dignité ainsi que son autonomie dans une société essentiellement phallocentrique. Ce qui rejoint en partie le combat de l’Espace Lakalita, dont l’un des soucis majeurs est de lutter autant que possible contre les injustices faites aux femmes en Afrique et dans le monde. C’est dans ce sillage que cet appel à projets d’écriture a été lancé, afin d’encourager et de valoriser l’écriture des femmes d’origine africaine, vivant en Afrique ou non. D’ailleurs, le choix de mars comme mois de résidence n’est pas fortuit, puisque c’est ce mois qui abrite la Journée internationale de la Femme. Par conséquent, à travers cette résidence, l’occasion est donnée « aux lauréates de se consacrer à un projet d’écriture et d’échanger avec la population de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso à travers ses diverses structures : Associations culturelles, Université, Lycées et collèges ».
– Par Boris Noah
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